► A l'âge de douze ans, elle a appris que son père avait eu une aventure extraconjugale, et que sa mère n’était pas sa mère biologique. Ce qui expliquait l’attitude de cette dernière envers elle, la marâtre de Cendrillon faisant figure de bonne fée à côté de Caroline Williams.
► Petite, elle rêvait secrètement de devenir écrivain, mais elle n’a jamais eu l’audace de montrer ses écrits, même aux membres de sa propre famille.
► Depuis la perte de sa virginité, elle n’a eu aucune aventure, aucune amourette, bien qu’elle même soit souvent tombée sous le charme de certains de ses camarades. Trop timide pour oser les aborder, et généralement, quand elle se faisait aborder, elle battait en retraite, persuadée que de toute façon, elle n’est pas assez bien. Mais, malgré tout, elle rêve à ce prince charmant, qu’elle sait qu’elle rencontrera un jour !
► Depuis que Josh a manqué de peu de faire une overdose quand ils étaient jeunes, elle a tendance à essayer de “sauver” les gens comme celui qu’elle appelait son meilleur ami. C’est l’une des seules choses qui la sort réellement de son trop plein de timidité, ce qui la pousse à ouvrir la bouche, quand généralement, elle préfère se montrer discrète
► Sa plus grande folie ? Un tatouage en forme de trèfle à quatre feuille au niveau du bas-ventre, à droite.

Je m’appelle Cleo Lily Williams. Mon père s’appelle James Williams. Ma mère s’appelle Caroline Williams. J’ai trois grands frères, Paul, Christopher, et Adrien. Je m’appelle Cleo Lily Will… « Comment tu t’appelles ma petite ? » « … » Oui, ça a été comme ça durant toute mon enfance. Une timidité maladive, qui m’empêchait de parler en public. A l’école, les autres enfants me trouvaient bizarre et, croyez-moi, je l’ai longuement crû aussi. Je ne comprenais pas pourquoi chez moi, tout se passait bien, mais dès que je mettais le pied dehors, je devenais soudain… muette. Je baissais la tête, rasait les murs, enfouissait ma tête blonde dans mon manteau, et fuyait le regard et le contact des autres enfants de mon âge. A la récréation, je restais toute seule dans mon coin, assise sur le banc, à regarder les autres enfants jouer du coin de l’œil, mon goûter à la main. Et puis un jour, il s’est assis à mes côtés. « Pourquoi t’es toujours toute seule ? » Nous n’avions que dix ans, et pourtant, il était déjà la coqueluche de l’école. Brun, les yeux rieurs, la voix qui portait, une prestance certaine. Le genre de garçons que vous regardez, en espérant secrètement qu’il vous remarque. Je n’échappais pas à ça car, même si j’étais timide, je restais une de ces filles qui ont trop regardé Disney étant petites. « … » « Les autres enfants disent que t’es bizarre. Moi j’trouve pas. Parfois, quand on voit les autres, on se dit qu’on est mieux tout seul. » J’avais baissé la tête, regardant mes chaussures, plus mal à l’aise que jamais. Et puis… « Tu veux un peu de mon goûter ? » La lueur de surprise dans son regard m’avait fait rougir. Ah, l’enfance… « Wah ! T’as trop une belle voix ! » Il avait pris la moitié de ma brioche et puis, à la fin de la récréation, s’était levé. Un clin d’œil, j’avais baissé la tête. « Tu devrais parler plus souvent. J’aime bien ta voix. » Ca, c’est pour la partie cute. Puisqu’on parle de moi, il va falloir que je vous explique deux trois choses. Je suis la petite dernière de la famille Williams. Je suis née en Australie, du moins c’est ce que j’ai toujours cru. Etrangement, ma mère, Caroline, ne m’a jamais aimé. Je n’sais pas pourquoi. Mais, depuis toujours, depuis ma naissance en fait. Des remarques. Des piques. Une sévérité avec moi qu’elle n’avait pas avec mes frères. Mon père ne disait rien, baissait la tête, et venait me lire une histoire en cachette le soir dans ma chambre. Et puis un jour, il a vu les marques sur mes côtes. Ce n’était pas grand-chose. Des pincements. Mais ce fut trop pour lui. J’avais douze ans. Effacée, terne, je passais mon temps enfermée dans ma chambre, entourée de mes livres, à regarder par la fenêtre, et rêver d’aventures. Le soir, je m’éclipsais, et grimpais sur le toit pour observer les étoiles. C’est de là que j’ai entendu mes parents se disputer. Quand ils se disputaient, ils allaient dans le jardin, en fermant la porte-fenêtre, pour qu’on ne les entendent pas. « Comment est-ce que tu oses traiter notre propre fille de la sorte !! Tu es complètement folle ma parole !! » « Ce… cette… Cette ENFANT n’est PAS ma fille ! Je ne supporte plus de la voir ici ! Je ne supporte plus de voir le… le fruit de ton infidélité, l’enfant de cette CATIN d’irlandaise sous mon toit !! Qu’elle parte James ! Sinon, c’est moi qui m’en irai ! » C’est elle qui est partie. Papa a organisé un « conseil de famille ». Et il a tout révélé. Il était tombé amoureux de cette jeune femme, Marie, ou quelque chose d’approchant. Et il l’avait suivi en Irlande. Mais, quand j’étais née, Caroline venait de sombrer dans une grave dépression, et il était revenu. Pour l’amour de ses enfants, abandonnant celle qu’il avait aimé plus que tout. Son amour de vacances, son premier amour, la jeune femme qu’il avait rencontré quand il avait seize ans, et n’avait jamais oublié. Ce jour-là, je me découvris une autre mère, et un frère de plus. Paul se mit à me haïr. Christopher m’en voulut, mais ça lui passa. Et Adrien lui, me soutint. Il était le seul à me comprendre, vraiment, lui et Josh, vous savez, le garçon à la brioche, qui aimait bien ma voix ! Story of my life…
Les années passèrent, semblables les unes aux autres. Rien de nouveau sous le soleil. Paul me détestait toujours, me jugeant responsable du départ de Caroline, sa mère. Plus d’une fois, il me dit, en face, qu’il aurait préféré que ce soit moi qui parte. Il menaçait, souvent, de partir vivre avec sa mère et son nouveau mari. Mais il ne le faisait pas. Notre réconciliation eu lieu l’année de mes dix-sept ans. Cinq ans après ce jour fatidique… J’étais allée à une fête, poussée par Josh. Un verre, un seul. Offert par un blond aux yeux envouteurs. Et je m’étais réveillée dans une chambre, sans souvenir de ce qui avait bien pu se passer, à moitié nue. Seule. J’avais appelé Adrien à la rescousse, mais c’est Paul qui avait répondu. Et son instinct de grand frère s’était réveillé. Jamais nous n’en avons parlé à personne, mais depuis ce jour, nous avons été inséparables. Il me surprotégeait presque, mais j’étais tellement heureuse d’avoir retrouvé mon frère. Et le reste de ma vie se passa sans accroche. Enfin… J’obtins mon diplôme, intégra l’université de Sidney avec Josh. De part ma timidité, il était mon seul « véritable » ami. Il essayait toujours de me sortir, mais je préférais rester avec mes bouquins. Ce qui mena à notre plus grosse dispute. Un soir où il rentrait bourré, et comme toujours il venait se réfugier dans ma chambre, il m’avait fait des reproches par dizaines, m’accusant d’être une petite idiote frigide incapable de faire la fête. Et là, il avait eu le mot de trop. « Chui sur que si Jason t’avait pas drogué à la fête tu serais toujours vierge ! » Ce fut l’une des seules fois de ma vie où je m’énervais. Je l’avais frappé, et depuis ce jour, je ne lui ai plus jamais adressé la parole. Mon second diplôme en poche, je suis revenue chez moi, où j’ai trouvé un emploi à l’hôpital, en tant qu’infirmière spécialisée. Poussée par Paul, j’ai participé à ce concours, pour des vacances à Vancouver. Je crois bien que c’est l’une des premières fois de ma vie que j’ai gagné quelque chose ! Le voyage était prévu pour deux, mais… Il n’y avait plus de deuxième. Alors je suis partie seule, profitant des vacances que j’avais pu m’accorder. Et là, quelque chose d’absolument impossible s’est produit. J’ai aperçu un jeune homme à l’acceuil de l’hôtel, qui venait récupérer la clef de sa chambre. Son visage, sa posture, sa voix, tout chez lui me rappelait mon père. Et là, j’ai entendu son nom. LE nom. J’en suis tombée dans les pommes, je sais, c’est ridicule. Mais… serais-ce possible ?