Alors que j'enfilais mon menteau et prenait mon sac à main, j'entendis une voix qui provenait du fond du salon.

EMERIC — Tu sors, chérie ?

Je le lui avais déjà répété trois fois depuis deux jours : je sortais avec une amie, on allait se faire un restaurant toutes les deux et discuter de tas de choses qui ne l'intéressait pas. Mais évidement, comme souvent, avec lui c'était un dialogue de sourd. Toujours collé sur son blackberry ou son iPad, c'est sûr que c'est difficile de communiquer et d'enregistrer ce qui se dit.. Quoi que. Il pourrait bien utiliser son dctaphone et mettre "conversation ennuyeuse avec ma femme" comme titre.. Après tout, pourquoi pas ?

ONDINE — Je m'en vais te tromper avec un businessman véreux.

EMERIC — D'accord, passe un bon moment.

Je soupirais, lasse de ces réponses déja toutes prête alors qu'il pose la question. Toujours les mêmes réponses, quoi que je dise. Après une retouche de rouge à lèvres face au miroir, je suis sortie pour rejoindre mon businessman véreux, si on en croyait mon mari..


En entrant dans le restaurant, je me dirigeais vers l'hotesse d'accueil et demandais où était ma table. Elle me mena à une table avec un seul couvert. Oui, j'avais raconté des craques. Mais c'était simplement pout être sûre qu'il ne m'accompagne pas. Pour être seule. Pour respirer. Pour repenser au bon vieux temps où il s'occupait encore de moi.. Pour éviter de passer un repas à trois avec l'impression de tenir la chandelle. Lui et son blackberry, une histoire d'amour, oui. Le fait que je sois enceinte ne changeait apparement rien. C'est bien de le savoir..

Et puis, je me suis sentie oppressée, mon coeur s'est mis à battre plus vite, je jetais un coup d'oeil dans la salle et même si personne ne semblait faire attention à moi, j'avais l'intime sensation qu'on m'épiait. Alors que la serveuse s'avancait vers ma table, certainement pour me donner la carte, j'avais plutôt l'impression qu'elle me voulait du mal. Soudain tout me paraissait dangeureux, insencé. J'ai attrapé mon sac et me suis précipité vers les toilettes. Mais au lieu de pénétrer chez les toilettes des femmes, sûre et certaine qu'on m'y attendait de pied ferme, je me suis effondré dos au mur du couloir qui y menait. Je ne pouvais aller nulle part. Ni dans la salle, ni dans les toilettes, je savais qu'ils étaient partout. Apeurée, j'ai ramené mes genoux contre moi pour serrer mes bras autour de mes jambes. régulièrement je jetais des coups d'oeil dans la salle, pour être sûre que personne ne se dirigeait vers moi. J'avais la frousse, peur qu'il m'attrape sans comprendre, sans pouvoir avoir conscience que cette paranoïa était le fruit de mon esprit de folle. Je me balancais d'avant en arrière parfois pour me rassurer, même si ça ne marchait pas vraiment. J'avais l'air hagard, perdu, désorienté. J'avais tout simplement peur.