Jonas & Bambi-Lynn

Ca devait faire environ deux jours que j’étais là, et je n’étais presque pas sortie de mon chalet. Après tout, je n’avais pas vraiment le moral à m’amuser et à faire des rencontres, surtout que tout le monde ici avait envie de rire et de profiter de ses vacances. Jpense que je dérangerai, ces gens là, plus qu’autre chose. Surtout avec mon côté un peu dépressif du moment. Enfin ça fait trois mois. Long moment donc. Si ma mère avait été là, elle m’aurait déjà sorti du lit et pousser dehors de grès ou de force. Et peut être que j’aurai été un peu plus heureuse que de faire ce que je fais actuellement, c'est-à-dire rien du tout. Glander c’est pas forcément mauvais à la base, ça détend et tout, mais le problème c’est que quand je ne fais rien, je peux penser librement, et que quand je pense.. Ca ne va pas. Je me levai d’un bond. Fallait bien que jfasse quelque chose. J’étais à Vancouver après tout.. Je n’allais pas rester enfermé dans ce chalet pendant deux semaines.

La plage était l’endroit parfait pour mon état actuel. Je n’avais envie de voir personne, et vu la température actuel, c'est-à-dire à peine cinq degré, personne ne viendrait se geler sur du sable fin. Le pire c’est que cet endroit était vraiment magnifique. Eau cristalline, bruit des vagues, chants des oiseaux. J’en étais presque à me dire que j’avais bien fait de sortir. Presque. Cheveux dans le vent, je marchais tranquillement le long de la mer, observant le soleil qui, au loin, essayait de me donner un peu de chaleur. En fait ça me rappelait juste que j’aurai du faire cette balade avec mon homme. J’imagine qu’il m’aurait tenu la main ou qu’il m’aurait serré contre lui pour m’éviter d’attraper froid. J’imagine qu’il m’aurait parlé de notre avenir, qu’on se serait assis sur une dune en attendant le coucher de soleil. Ca aurait pu être tellement bien. La réalité était, malheureusement, beaucoup moins intéressante. De loin, on voyait juste une femme qui marchait seule, sans but aucun, les yeux dans le vide. Et j’étais comme ça depuis trois mois. C’était exactement ce comportement que ma mère voulait que j’enlève ici, mais je ne voyais pas comment. Elle pensait sans doute que j’allais me faire des potes, mais je ne connaissais personne. Et puis j’avais pas la grande envie d’aller trouver des amis et de nouvelles connaissances. A quoi bon après tout si on finit tous par crever ?

Donc je marchais, les yeux perdus vers l’horizon quand un homme attira mon attention. En même temps on était un peu seul au monde. Moi et lui sur la grande plage. Peut être parce qu’il faisait froid. Ou peut être parce qu’il n’était pas vraiment l’heure de sortir. Ou parce qu’il y avait une soirée et que j’avais pas été au courrant.. En même temps je ne cherchais pas forcément à l’être. Dans tous les cas on se retrouvait tous les deux là, et lui n’avait pas l’air d’aller très bien. Assis dans le sable, les yeux rouges et dans le vide, j’avais plutôt l’impression de voir mon reflet. Ce qui, je vous l’accorde, n’était pas forcément génial. Au lieu de continuer sur ma lancée et de retourner chez moi, je me tournai vers lui et m’assis juste à côté, allongeant mes jambes sur le sable fin de cette jolie plage. « Journée difficile ? » Je le regardai de coin, me disant qu’il n’avait peut être pas envie de parler et donc que j’allais me faire jeter. A la base, j’avais pas forcément envie non plus, mais pour une raison ou pour une autre je me rapprochai des gens qui n’avaient pas l’air bien, me disant que eux pouvaient me comprendre, et qu’au moins eux souffraient autant que moi-même si chaque douleur est différente. « Remarque si c’est que la journée, faut t’estimer heureux, moi c’est le mois.. » Je passai une main dans mes cheveux et soupirai.