MA PUTAIN DE SŒUR

Paraît que des jumelles, c’est fusionnel. Aha. La blague. Les six premières années seulement à tout péter, alors ! Avec Elora, nos deux caractères opposés ont très vite pris le dessus ; ou plutôt, son charme l’a pris et ma cruauté a du s’élever en fonction. J’ai jamais supporté avoir une sœur me faisant de l’ombre. Elle a toujours eu le don de réussir sans se sortir les doigts du cul, de balayer d’un revers de bras la noblesse de notre nom sans pour autant se mettre les parents à dos. Y’avait que moi pour voir cette salope comme elle était. Ah oé ? Alors elle pense que la supériorité des riches c’est dépassé ? Tellement facile à balancer quand du même côté, on est pas mieux qu’une pompe à fric ! J’ai pris à cœur de lui mettre des bâtons dans la roue, dénonçant à nos vieux ses pires frasques jusqu’à ce qu’elle perde tout leur soutien. Et enfin, je reprenais la digne place qui m’était dévolu. Mais j’avais encore ce goût de trop peu à la bouche. Je ne voulais pas seulement être la princesse chez les O'Connor, je voulais l’être partout… et pas possible avec cette truffe en train de se pavaner devant la classe avec ses A, avec ses potes fumeurs de pilon et son petit copain so love. Puisque j’ai jamais réussi à la dépasser niveau scolaire et que la seule pensée de parler à un de ces dreadeux me collait la gerbe, j’ai choisi le pilier facile et c’est avec grand bonheur que j’me suis envoyée en l’air avec son Jules. Quand elle l’a appris, on s’est hurlées dessus et battues jusqu’à épuisement et larmes. J’la haïssais tellement, et enfin, elle me haïssait avec la même intensité. Elle voyait que j’existais encore, moi, sa sœur jumelle… et au fond, c’est tout ce que j’ai jamais recherché. Depuis, elle est partie. On évite de se parler. Elle me manque cette conne.

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MON OBSESSION

Je l’ai croisée à une soirée, et comme je le sais toujours quand j’ai quelqu’un dans la peau, je l’ai voulu au premier regard échangé. Cette fille a comme une aura autour de sa petite tête blonde. Forte mais fragile. Fêtarde mais sereine. Un paradoxe. Je lui ai souri. Je me suis arrangée pour que nos bras s’effleurent. Je lui ai avoué qu’elle me plaisait. Et toujours, elle, elle me fuyait. Pourtant, c’est à ses côtés que je me suis réveillée le matin et après une putain de nuit que je ne souhaite jamais oublier. Ce qui ne semble pas être son cas à elle. Se prétendant hétérosexuelle (rions tous en cœur) heureuse avec son copain (bidonant nous en nous serrant les côtes) et affirmant qu’elle ne cédera jamais plus à mes avances. Oh non Barbie, ça, c’est tout ce qu’il ne fallait pas dire. Dès que je la croise en soirée, je flirte avec elle… elle m’attire beaucoup trop pour que je puisse m’en passer. Et je la pousse. Toujours plus loin. Dans ses derniers retranchements. Je veux qu’elle me cède. Encore. Encore et encore. Et je suis prête à tout pour l’obtenir. Allez ma jolie, cède moi une autre nuit, tu finiras par perdre cette bataille de toute manière.

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MA LUCIOLE, MA LUMIERE, MON AMIE

Moi ? Entrer dans une librairie ? Hum... private joke ! Cet aprèm là, j’avais bu jusqu’à plus soif avec des potes. Une digne tournée des bars à l'irlandaise. Incapable de marcher droit, tournant sur moi-même les yeux fermés au milieu des routes, insouciante de manquer de créer des accidents de la circulation ; c’est instinctivement que j’ai passé la porte, attirée par l’enseigne ‘Someone like you’. Vite divertie, j’ai lancé un livre au visage d’une pote m’ayant chambrée, et le sabordage de la librairie avait bien commencé jusqu’à ce qu’une jeune brunette vienne casser notre joie. Quoi ? Elle doit pas être bien plus vieille ? C’était quoi son putain d’problème à la fin ? Ah... elle était la maîtresse des lieux... hum... après avoir digéré l’info, j’ai pas trouvé mieux qu’lui exploser de rire au nez, lui faisant savoir le fond de ma pensée sur les p’tits rats de bibliothèques jamais baisés dans son genre. Et là où je m’attendais à la voir, sinon exploser en sanglot, au moins virer rouge de colère... elle est restée stoïque et calme. Et, intriguée, je m’en suis allée. Avec cet étrange sentiment mêlant frustration d’une partie perdue et étrange besoin de l’entendre me remettre les pendules à l’heure, j’y suis retournée le lendemain. Et les jours suivants. Jusqu’à ce que la semaine s’écoule entièrement sans autre changement. Fatiguée, ne comprenant pas ce qui m’arrivait, le vendredi soir... alors qu’il était déjà tard, j’me suis installée sous le porche et j’ai juste explosé en sanglots, incapable de parler ou de convenablement respirer. Le lourd sentiment de ma solitude, du caractère misérable de mon existence m’avait encore frappée. Et quand Betsy a remarqué ma présence et que ça n'allait pas, c’est instinctivement (comme une mère ou une sœur le ferait) qu’elle s’est empressée de vouloir m’écouter, me rassurer et m’aider. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête, mais c’est chez elle que j’ai terminé la soirée autour d’un chocolat, me réchauffant et discutant librement. J’ai découvert qu’on avait plus en commun que ce que notre condition peut laisser paraître. Elle aussi, à sa façon, c’est une âme seule, la tête plein de rêves, de romans d’amour et de cape et d’épées, doutant du bon chemin à emprunter. Elle m’a conseillée un livre, et j’ai fait cet effort... ça m’a fait du bien. Mieux que mon psy, elle est ma seule amie et sait me comprendre comme personne. Depuis, c’est toujours pour boire un thé et manger une part de cheese-cake que je lui rends visite à sa librairie. J’adore discuter de tout et de rien avec elle ; et même si son côté ‘coincée’ ne cesse de toujours plus de me choquer et que c’est à coup de grandes supplications que j’obtiens d’elle quelques trop rares papas de bébé, même si ce lien qui nous unit est aussi puissant que bancale, elle est mon seul havre de paix ici bas.

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ON S'AMUSAIT ET PUIS PLUS RIEN

Brisbane, Australie. Quelle ville pleine de surprises. En tout cas, j’ai pas fait beaucoup plus d’efforts de sociabilité une fois passée dans l’hémisphère sud. Et c’est en déambulant dans les couloirs de l’hôpital telle une impératrice que mon regard a croisé celui d’une vulgaire infirmière acceptant sa triste condition et ayant le bon sens de raser les murs sur mon passage. Je voulais la connaître. Attendant que le directeur des lieux passe par là, j’ai pointé la blondinette du doigt comme un colon l’aurait fait au marché aux esclaves, décidant que j’voulais manger avec elle ce midi-là. Quand je l’ai rejoint, c’était de meilleure humeur et avec l’envie de m’épancher sans réserve sur le moment de passion que je venais de connaître dans les bras d’un Dr Mamour australien. Et quand j’ai vu la tête de l’infirmière, j’ai pu qu’exploser de rire... est-ce que quelqu’un a déjà mis sa quequette quelque part chez cette miss frigide, sérieusement ? Je lui ai vite fait connaître le fond de ma pensée ; et au final, elle m’a plutôt fait sourire... c’est qu’elle est amusante et touchante, certes à son insu, mais tout de même. L’innocence est une qualité que j’apprécie. Et je l’ai très souvent revue le reste de mon séjour, lui faisant découvrir ce que doit être le monde quand on a un sex-appeal comme le sien et la vingtaine à peine passée. Un monde d’alcool, de drogues et de sexe. Bon, j’ai réussi qu’à l’initier qu’aux concours de teqshots à vrai dire. Est-ce ma frustration qui a fini par s’exprimer ? Quelques jours avant mon départ, je n’ai pas pu résister à l’envie de glisser un cacheton d’ecsta dans son verre pour rendre la soirée plus folle ; ayant en tête que le lendemain, elle me remercierait, ne regretterait pas et en voudrait encore. Bien au contraire, elle s’est contentée de me congédier le plus sèchement du monde, me laissant la bouche ouverte et sans réponse à lui donner. Alors c’est comme ça qu’ça devait finir ? Bien, et dommage. Je m’amusais avec l’Australienne. Mais si c’est là la vie, je n’peux plus que compter sur le destin pour la retrouver sur mon chemin.

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L'ARNACŒUR

A mes yeux de blonde naïve ? Un richissime monégasque au sang princier… un peu excentrique. Et je n’ai pas besoin d’en savoir plus pour être à ses pieds et lui tailler la bavette dès que je le vois. C’est pas comme si y avait à Vancouver d’autres portefeuilles si bien garnis ! J’dois bien avouer que de temps en temps, quand je lui parle, mon cœur s’emballe. Doux, compréhensif, je vois en lui un romantique Darcy des temps modernes et la perspective d’être son Izzie pourrait bien m’emballer. La réalité maintenant, ce que j’ignore ? Un crève la faim, dealer, salopard et briseur de cœurs. Il semblerait que depuis son séjour aux US ma sœur ait repris du poil de la bête et que dans la douce folie et poussée par un cachet d’ecsta, elle ait eu l’idée foireuse de mettre Connor sur mon chemin pour que j’tombe amoureuse de lui et que pour ses beaux yeux, je quitte fiancé et avenir si royalement tracé depuis ma naissance. Pourquoi l’idée est foireuse ? Allons, allons… le chasseur tombant amoureux de sa proie, n’est-ce pas un classique ? Dans le conte de fées qu’est ma vie, ça l’est en tout cas. Pour sûr. Sois le premier à te méfier Connor de Florentin.

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LE FIANCE INFIDELE

Entre les O’Connor et les Callaway, c’est une amitié ancestrale qui règne ; et il aura suffi d’un week-end ensemble dans les Hamptons où Liam et moi étions restés ensemble, indécollable alors qu’on était encore gosses, pour que l’idée d’une future union trace son chemin dans l’esprit de nos parents. Il a toujours été plus ou moins convenu qu’on finirait ensemble. Si l’idée m’a jamais effrayée ? A l’époque, pas une seule seconde. Je ne le voyais pas autrement que comme mon beau prince charmant, il est sans nulle doute mon premier amour. Un amour fragile, naïf, que toute jeune fille fleur bleue aime à se bâtir en laissant son imagination s’évader. C’est à l’âge de treize ans qu’on a commencé à sortir ensemble, au collège. It couple envié en apparence, la réalité n’est pourtant pas si rose. Nous vivons ensemble aujourd’hui à Cork et plus les jours passent, plus il s’éloigne de moi. Bien sûr, ses multiples infidélités ne sont pas nouvelles… mais pourrait-il vraiment en être autrement quand il est convenu que nous ne consommerons pas avant notre mariage tant attendu ? Nous n’en parlons pas, mais c’est quelque chose de latent qui dort sans qu’aucun de nous n’ose le réveiller. Une vérité taboue. Lui ne prend même plus la peine de dissimuler ses chemises où traînent encore des traces de rouge à lèvre, des parfums féminins n’étant pas le mien, des SMS explicites, des excuses chaque fois plus bidon. Ce qu’il ignore, c’est que je ne suis plus l’innocente petite fille des Hamptons, que chaque soir, je bois plus qu’il ne faudrait, fume les mêmes drogues que lui et couche avec pléthore d’hommes et femmes. Mais après tout, cela le toucherait-il vraiment si un jour, il venait à l’apprendre ? J’en doute de plus en plus.

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