► Se fait généralement appeler Cook, son deuxième prénom. Peu de personnes connaissent son vrai prénom.
► Ne dicte sa vie qu'avec le fruit du hasard. Pour cela, Matys ne quitte jamais son p'tit dé porte bonheur, qu'il lancera toujours pour faire des choix, importants ou pas. Le hasard décide toujours pour lui, parce qu'à vrai dire, il se fout bien des conséquences.
► Le jeune homme est atteint d'une malformation cardiaque. Il est en attente d'une greffe du coeur depuis ses 15 ans.
► A fait un an de prison pour avoir défendu son frère, en tabassant son père adoptif. Violences volontaires comme ils appellent ça.
► Est un vrai connard avec tout le monde.

► 2 ans.
Soirée en amoureux, en tête à tête. Merci la nounou. Pourtant, mes parents ne reviendront jamais de leur diner aux chandelles. Accident de voiture, à cause d'un bourrée qui voulait faire le kéké devant les filles. Mes parents sont décédés sur le coup. A cet âge là, tu comprends pas vraiment ce qui se passe, tu ne sais même pas. Je fus placé dans un foyer d'accueil, avec Félix, en attendant de trouver une famille qui souhaiterait nous adopter tous les deux, ensemble. Il ne fallait surtout pas nous séparer. Félix était ma seule famille. Et, même si j'me rendais compte de rien à cet époque là, heureusement qu'il était là, constamment à mes côtés. Si je l'avais perdu lui aussi, je m'en serais pas sorti. C'était tout ce qu'il me restait.

► 5 ans.
3 ans d'attente. 3 ans d'attente qui semblait avoir porté ses fruits. Notre adoption. Déménagement à Cork, en Irlande. Ou comment passer d'une vie merdique en foyer à une vie de château. Un jeune couple marié qui ne pouvait pas avoir d'enfants allait faire notre bonheur, à Félix et à moi. Ils devenaient notre nouvelle famille. Nos parents adoptifs. Et à cet âge aussi, je n'avais pas trop compris ce qui se passait. Les habitudes se sont très vite mise en place. J'avais de nouveau quelqu'un à appeler papa, et de nouveau quelqu'un à appeler maman, et c'était le principal. Une vie parfaite... ou pas.

► 12 ans.
« Qu’est ce que tu as encore fait comme connerie pour que l’école nous convoque ? » « Je... euh... j’ai rien fait de mal. » « Arrête de mentir putain !!! T’en as pas marre de jouer au con ? T’es vraiment qu’un bon à rien, un putain d’enculé de gamin ! Tu vas voir, tu vas t’en souvenir de celle là. » Et pam, la première fois que mon père adoptif leva la main sur moi. Il avait perdu son travail il y a à peine un an, et était violemment tombé dans l'alcool. Il frappait déjà ma mère, j'en étais convaincu. Quelque chose avait changé dans son regard. Il était transcendé par la haine qu'il portait à ce putain de monde. Et, sous l'effet de l'alcool, il était incontrôlable. Méchant et violent, il n'avait aucune pitié. Oui, ce jour là, j'avais tapé un de mes camarades à l'école. Mais, ce jour là, en guise de punition, je me fis violemment tapé par mon père adoptif. Il avait raison, j'allais m'en souvenir de ma première fois. Et encore si ça avait été la dernière... mais ce n'était pas le cas. Dès que monsieur était un brin contrarié, il se défoulait sur moi. D'abord de simples baffes qui s'étaient transformées en véritable coup de poing. La ceinture aussi, un souvenir putain de douloureux. Les cicatrices sur mon corps vous le prouveront. Mais je m'en foutais. La douleur que j'ressentais m'était égal tant que ce connard ne touchait pas à Félix. Je m'arrangeais d'ailleurs pour qu'il ne se retrouve jamais seul avec lui. Je me donnais en quelques sortes pour lui. J'encaissais les coups sans rien dire, pour ne pas que mon frère ramasse.

► 15 ans.
« Monsieur Mellark, il faut que je vous parle. » « Qu'est-ce que vous me voulez encore ? » « Vous allez devoir énormément vous reposer, alors s'il vous plait, calmez-vous, allongez-vous et essayez de dormir un peu. » « C'est bon, je me sens bien putain, c'était qu'une mauvaise chute en scooter, rien de bien méchant, faut pas pousser merde ! » « Je crois que ce n'est pas aussi simple que ça, malheureusement... » « De quoi parlez-vous ? » « Vous êtes... euh... vous avez une malformation cardiaque. » « En français, ça donne quoi ? » « C'est à dire que, votre coeur a un problème, et euh... » « NE TOURNEZ PAS AUTOUR DU POT PUTAIN, CRACHEZ LE MORCEAU ! » « Votre coeur peut cesser de fonctionner à tout moment. » Je n'avais pas encore réalisé ce que le médecin venait de m'annoncer. Une malformation cardiaque. Ou la possibilité de mourir à tout moment. Venu simplement, à la base, à la suite de mes blessures dues aux coups de mon connard de père adoptif, j'étais ressorti en apprenant une terrible nouvelle. J'avais un problème cardiaque. Et mon coeur pouvait cesser de battre à tout moment. Le médecin m'avait immédiatement conseillé de réduire mes activités sportives, de faire attention à mon alimentation, et surtout de ne pas fumer ni boire. Mais je ne l'avais pas écouté. Ce dernier avait également mentionné la possibilité d'obtenir une greffe du coeur, en insistant bien sur le fait qu'un coeur compatible mettrait des années à être disponible, sans compter sur les nombreux autres malades inscrits sur la liste d'attente avant moi. Autant dire qu'on peut directement oublier la greffe... Parallèlement, il n'existait pas d'opérations chirurgicales pour soigner la malformation que j'avais. Rien. Le verdict était sans appel...

« J'peux venir chez toi Matys ce soir ? » « NON ! » « Mais pourquoi, je croyais que... ? » « Mais t'es conne ou tu le fais exprès ? Tu croyais quoi hein, que j'taimais peut être ? » « Ben... euh... tu m'as embrassé l'autre jour. » « Mon dieu qu'est-ce que tu peux être pathétique ! Tu penses sérieusement que j'ai une tête à t'aimer ? Je t'ai jamais aimé pauvre conne ! » Ma meilleure amie d'enfance, Danaé. Nous nous sommes connus dès mon arrivée à Cork, lorsque j'avais 5 ans. Quand je n'étais pas avec Félix, c'était avec elle que j'étais. Constamment. On nous surnommait les inséparables. L'amitié, la vraie, avec un grand A. Puis, au fil des années, nous nous sommes rapprochés. Il semblerait qu'il y avait plus entre nous... un soir, nous nous sommes embrassés. Mais Danaé s'est tout de suite enflammée. Pour elle, ça y est, nous étions un couple. Pour moi, c'était tout le contraire. Oui, je l'aimais bien – je l'aimais même tout court peut être, mais là n'est pas la question – mais de là à former un couple avec elle, non merci. Surtout que Danaé avait posé la question piège, en me demandant si elle pouvait aller chez moi. Hors de question ! Depuis tout le temps qu'on se connait, jamais, ô grand jamais, Danaé était venu chez moi. Et jusqu'à présent, la jeune fille n'avait jamais trouvé ça bizarre. Et c'était mieux comme ça. Mais avec ces conneries de baiser, les choses semblaient avoir changées. Alors, oui, j'avais perdu le contrôle. Quelques jours auparavant, je venais d'apprendre ma malformation cardiaque. J'étais perdu, bouleversé et je ne savais pas vraiment comment réagir par rapport à tout ça. C'était la cerise sur le gâteau. Inconsciemment, sans réfléchir, en une fraction de seconde, je venais de détruire ma relation avec Danaé, en lui mentant, ouvertement. Évidemment que je ne pensais pas un seul mot de ce que j'venais de lui dire, évidemment, mais elle ne le saura jamais. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour m'éloigner d'elle, pour éviter de la faire souffrir. Premièrement, je ne voulais pas qu'elle sache pour mon père adoptif. Et deuxième, je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour moi par rapport à mon problème cardiaque. C'était mieux que j'mette un terme à notre relation avant que les choses deviennent trop sérieuses, et incontrôlables. C'était la seule solution que j'avais trouvé. Je venais, du jour au lendemain, de tirer un trait sur Danaé. Plus un message, plus un appel, plus rien. C'était comme si je n'avais jamais existé. Et même si c'était dur pour moi, c'était mieux comme ça. J'allais devoir me faire une raison.

► 16 ans.
De sortie ce soir là avec des potes, j'avais veillé, comme toujours, à ce que Félix aille dormir chez sa meilleure amie. Pour ne pas qu'il se retrouve seul avec ce connard. Mais mon plan avait échoué. Le problème, c'est que je ne l'ai su bien trop tard. En rentrant chez moi, encore sous l'effet de l'alcool, à la fin de ma soirée, j'entendis de violents hurlements provenant de la chambre de mon frère. « T'es qu'une pauvre tapette, j'ai honte d'avoir un fils comme toi ! […] Tu me dégoûtes putain ! […] Tu vas voir ce que ça fait, tu vas comprendre... […] Hum, ça te plait tarlouze ? T'aimes te faire enculer par ton père hein ? Oh oui, t'aimes ça, j'le sais ! […] Et ben profite en, j'veux t'entendre hurler, haaan oui ! » Mon sang ne fit qu'un tour. Sans réfléchir, je me rua dans la chambre de Félix, et je me jeta sur ce putain de pervers. L'image que j'avais sous les yeux était horrible. Comment quelqu'un pouvait-il être aussi tordu pour faire une chose pareille ? Sans prendre la peine de penser aux conséquences, les coups de poing partaient par dizaine. Sans m'arrêter. J'y mettais toute ma force, mais surtout toute ma haine. La colère s'emparait de moi, comme si mon corps devenait incontrôlable. Je n'arrivais pas à arrêter de le taper. Oui, j'aurais été capable de le tuer. Mais, mon frère m'en empêcha. La détresse sur son visage... Jamais je pourrais l'oublier. Félix venait de se faire violer par ce salopard ! Et rien que le fait de le voir encore respirer à terre me donnait envie de vomir. Il ne méritait pas de vivre. Et pourtant, erreur de ma vie, je ne l'avais pas tué.

« Monsieur Mellark, vous êtes en état d'arrestation pour violences volontaires. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. » 1 an de prison ferme. Le prix à payer pour avoir fait le bon choix, quel scandale ! Mais je ne regrettais pas. Pas une seule seconde. Et si c'était à refaire, je le referais, sans hésiter. 1 an à essayer de ne pas se faire bouffer, à survivre du mieux que je peux. Heureusement, la justice était quand même assez bien faite. Ce connard était derrière les barreaux, lui aussi, mais pour le reste de sa vie. Un soulagement... Quant à Félix, après les nombreuses fois où il était venu me rendre visite, je lui avais conseillé de déménager, de partir loin d'ici, de ses mauvais souvenirs.

► 17 ans.
Ma renaissance. Enfin j'pouvais sortir de ce trou à rats. Prendre un bon bol d'air frais, profiter du soleil, des paysages... la prison m'avait pourtant changé, énormément. 1 an à se battre pour rester en vie. 1 an à s'en prendre plein la gueule, et à se défendre comme on peut. Je ne souhaite la prison à personne, c'est vraiment horrible. N'importe qui, après un séjour là-bas, ressortirait changé. Obligatoirement. Devenu doublement méfiant, terriblement méchant, froid, distant, je n'accorde plus ma confiance à personne. Déjà avant, c'était dur de l'avoir, mais maintenant, c'était impossible. Je rejoignis mon frère à Brisbane, en Australie, là où il avait choisi de déménager. Ça faisait un moment qu'on ne s'était pas vus... c'est complètement différents & changés qu'on s'est retrouvés. J'étais devenu un connard fini, et lui aussi, il n'était pas mal dans son genre. Mon problème cardiaque ne s'était pas amélioré, au contraire, les épreuves que j'ai connu en prison l'ont forcément aggravé. Et toujours aucun signe d'une greffe éventuelle. Que je le veuille ou non, l'heure de ma mort approchait à grand pas, de plus en plus, lentement mais surement... Je n'ai prévenu personne par rapport à ça, même pas mon frère. Je préfère m'éloigner de tout le monde, faire souffrir les gens pour qu'il me déteste, comme ça, je n'aurais pas de problème. Je pourrais mourir seul sans laisser de bons souvenirs aux seuls gens que j'aime. Il est clair que ces épreuves m'ont énormément éloignés de mon frère. Nous ne sommes plus aussi proches qu'avant, nous semblons avoir perdu la complicité qui nous liait. Et, entre nous, c'est mieux comme ça. Je ne veux pas qu'il sache pour mon problème cardiaque, je ne veux pas qu'il souffre. Nous vivons pourtant sous le même toit, tous les deux, dans un petit appartement, mais ce n'est plus comme avant. Le passé nous a détruit. Depuis mon séjour en prison, mon carnet d'adresses s'était rempli de... mauvaises fréquentations. Je trainais maintenant qu'avec des sales types, et je me suis même improvisé dealer. En me rendant compte du fric que j'pouvais me faire en dealant, j'ai commencé à faire ça à temps plein. L'argent facile, y'a que ça de vrai !

► 18 ans.
« SALOPE ! » Voilà le petit mot que j'venais de laisser à ma partenaire d'une nuit. Je m'étais éclipsé, de bonne heure, le matin, pour qu'elle se réveille seule. De toute façon, elle retrouverait mon petit mot d'explication. A mon avis, elle comprendra. 2 mois. J'avais mis 2 mois pour réussir le challenge que le hasard m'avait fixé. Chiffre 1 ; mettre un poing dans la gueule au premier mec que tu croises. Chiffre 2 ; dépuceler une sainte ni touche. Chiffre 3 ; Rentrer par effraction chez quelqu'un. Chiffre 4 ; embrasser la personne la plus proche de vous. Chiffre 5 ; proposer un plan à 3. Chiffre 6 ; se montrer nu dans un lieu public. Le dé allait décider pour lui. Et ce fut le chiffre 2 qui sorti. Sans perdre de temps, je vins aborder la seule vierge que je connaissais, de réputation. Elle coucherait avec moi, c'était sur. Quitte à mettre des mois et des mois, je réussirais. 2 mois à faire le romantique fou amoureux d'elle. Lui offrir des fleurs, lui dire des mots doux, la totale ! Et, victoire, 2 mois après, je l'avais sauté. Mauvais coup au passage mais on s'en tape. J'avais réussi mon défi, point barre. Après notre première - et dernière - nuit ensemble, j'avais filé en douce, comme d'habitude, pour lui faire comprendre que tout mon blabla n'avait qu'un seul but ; la mettre dans mon lit, le reste je m'en branle. Mais, je ne m'étais pas arrêté là. Il fallait que j'lui laisse un p'tit mot sur la table de nuit, ce fut plus fort que moi d'où ce salope, très agréable. Elle chouinera une semaine, peut être plus, en pensant avoir perdu l'homme de sa vie, ou simplement en se rendant compte qu'elle a été prise pour une conne. Mais au pire, qu'est-ce que ça peut faire ?

► 19 ans.
Tout le monde m'a toujours dit que j'étais qu'un pauvre connard avec mon putain de dé à la con. Personne ne croit au hasard, ils sont tous persuadés qu'un destin leur est déjà tout tracé. Et moi j'suis dieu peut être ? Enfin quoique... on m'a souvent appelé comme ça, j'commencerais presque à me poser des questions. En attendant mon hasard de merde m'a permis de gagner un séjour de deux semaines à Vancouver. J'aime jouer. Au poker, au casino... à tous les jeux d'argent, mais pas seulement. Aux jeux merdiques aussi, aux concours et à tout ces trucs là. C'est simple, maintenant, je dicte ma vie grâce au fruit du hasard. J'men branle de savoir si tel ou tel choix est le mieux. J'men branle des conséquences. J'emmerde la vie, j'emmerde les gens. Direction Vancouver pour deux semaines, avec Félix, à qui j'ai proposé ma place supplémentaire. Allez proposer à une fille de l'emmener en vacances avec vous, deux minutes plus tard, elle voudra vous épouser. Alors, non merci. Voilà pourquoi je n'ai pas offert cette place à une parfaite inconnue, qui me servirait de plan cul.